La non douleur en position couchée

La deuxième étape du parcours a pour objectif de montrer que l’enroulement du bas du dos et les ajustements articulaires diminuent la pression discale en position couchée et agissent immédiatement sur la douleur.

 

L’objectif annexe est de souligner qu’il ne suffit pas de s’allonger pour mettre le dos en situation de guérison et que les positions habituelles à plat ventre, sur le dos et en chien de fusil sont souvent de mauvaises positions de repos pour un dos blessé.

Pour que la position couchée aide à la guérison, le dos doit être au repos, c’est-à-dire sans pression sur le disque blessé.

"Quand j’ai mal au dos, je finis pas prendre des médicaments contre la douleur pour m’aider à dormir ! Comment faire autrement ? »

"Quand j’ai mal au dos, je finis pas prendre des médicaments contre la douleur pour m’aider à dormir ! Comment faire autrement ? »

D’un côté, il est assurément important de pouvoir dormir et les médicaments y aident, et l’apaisement général apporté est probablement favorable à une détente bénéfique.

 

D’un autre côté, la douleur est une alerte et une demande. La masquer par des antalgiques ne permet plus de juger de la qualité de la position prise.

 

Les positions de soulagement peuvent être difficiles à organiser parce que :

 

  • des ajustements ou des changements sont souvent nécessaires en cours de nuit, encore faut-il percevoir les messages douloureux.
  • elles ne sont souvent pas les positions habituelles de sommeil,
  • une fois endormi, le contrôle de la situation n’est plus assuré,
  • l’évaluation du bénéfice apporté ne se fait qu’au lever le lendemain matin en termes de douleur et de raideur.

 

Mais, malgré ses difficultés, il est important de profiter au mieux de la position couchée car c’est elle qui offrent le plus de garantie pour décharger au mieux la région blessée.

En pratique et en cas de prise d’antalgique si elle est jugée nécessaire, il est important de rester attentif au choix de ses positions.

Une position de non-douleur radicale

La première position couchée à tester n’est pas la plus pratique mais elle présente l’avantage de soulager instantanément la majorité des dos douloureux. Elle est à prendre quand rien d’autre ne marche.


Sur le dos, placez un coussin sous la tête, repliez les jambes les mollets posés sur une chaise pour que les jambes soient à l’équerre. Maintenant, posez les mains sur le ventre et relâchez les jambes.

Cette position soulage presque tout le monde parce qu’elle supprime la pression sur les disques du bas du dos.
Vous pouvez gagner en mieux-être en laissant les hanches s’ouvrir et les genoux s’écarter.
L’organisation n’est pas facile en situation douloureuse mais elle vaut le coup. Ce peut être aussi couché sur un lit avec un pouf ou des coussins sous les jambes.

Quand le bas du dos est enroulé et qu’il n’y a plus de pression sur le disque, la douleur disparaît.

La deuxième position est classique. C’est la position jambes repliées. Elle est prise naturellement quand on a mal au dos mais son défaut est de mettre en tension les muscles des cuisses et de ne pas pouvoir être tenue longtemps. La solution est le soutien des cuisses par deux gros oreillers.

Position de référence

La troisième posture est pour moi celle de référence. Elle est allongée avec un coussin sous la tête les mains posées sur le ventre avec une seule jambe repliée et soutenue par un coussin sous la cuisse.

Elle est de référence pour sa simplicité et son efficacité sur la douleur du dos. Elle l’est aussi parce qu’elle est l’exemple de ce que peut apporter un enroulement a minima du bas du dos.

 

  • Reprenez la position allongée avec un coussin sous la tête les deux jambes étendues. Vous sentez une sensibilité du dos.
  • Glissez une main dans la cambrure. Pliez une jambe. Le bas du dos s’enroule et vient s’appuyer sur la main. La cambrure s’est atténuée, la douleur également.
  • Rallongez la jambe complètement. La cambrure s’accentue a minima et la sensibilité réapparaît.

 

Un enroulement a minima du bas du dos fait disparaître généralement la douleur lombaire.
Son déroulement a minima la fait réapparaître.
Connaître une position qui soulage est intéressant.
Comprendre pourquoi elle soulage l’est tout autant.

Cette position est aussi une référence parce qu’elle est une introduction aux bénéfices de l’asymétrie. Ils seront revus plus tard.

L’asymétrie apporte à la mobilité une variété infinie d’ajustements articulaires que ne permet pas la symétrie.

François, beau-frère, ami et grand neurologue, prend en charge des patients douloureux compliqués. Il me répète : « Olivier, ton principe d’asymétrie est géant ! ».

 

Et enfin, elle est aussi une référence parce qu’elle souligne le rôle positif de la hanche sur le mal de dos.

 

  • Reprenez encore la position allongée avec une seule jambe repliée et laissez la hanche s’ouvrir sur le côté. La douleur du bas du dos s’estompe. C’est mieux. Placez un coussin en soutien sous la cuisse. C’est encore mieux.

Ouvrir et soutenir une hanche soulage le bas du dos.

[De la même manière, soutenir une épaule soulage le cou. En position couchée, glissez une serviette éponge pliée et roulée sous le haut du bras et sous l’épaule. L’effet de confort pour le cou est garanti.]

 

À titre de plaisanterie, je dis souvent à mes patients que j’utilise beaucoup plus la serviette éponge que je ne prescris d’IRM.

L’idée est que si un bon soutien permet au patient de trouver un soulagement, même ponctuel, le recours à des examens s’avèrera moins nécessaire. La douleur permanente n’est pas bonne conseillère.

Pourquoi la position couchée n’est-elle pas conseillée ?

Pourquoi la position couchée n’est-elle pas conseillée ?

Officiellement, la position couchée n’est pas conseillée au-delà de 48h parce qu’elle favoriserait la perte des muscles et la raideur articulaire, et surtout parce qu’il n’a pas pu être prouvé qu’elle était bénéfique.

 

Pour moi, la position couchée n’est pas conseillée parce qu’elle n’a jamais été évaluée dans des conditions de positionnement individualisées qui libèrent totalement le patient de sa douleur.

 

J’ai la conviction d’aider avec une grande efficacité certains patients qui ne se sortent pas de douleurs lombaires handicapantes en organisant un repos prolongé de 8 ou 15 jours encore faut-il que les positions de repos soient vraiment senties positivement, que l’amélioration soit significative rapidement et régulière et que l’implication du patient soit vérifiée.

Une version minimaliste

Une dernière position couchée est très intéressante. Elle est la variante à minima de la position de référence avec une seule jambe repliée et soutenue.
Elle est prise en remplaçant le coussin sous la cuisse par la fameuse serviette éponge pliée et roulée sous le genou.

L’effet d’enroulement lombaire est minimal et, pourtant, il se passe quelque chose en bas du dos qui fait du bien.
En laissant le genou rouler vers l’extérieur et la hanche s’ouvrir a minima, l’effet de détente lombaire s’accentue.


N'oubliez pas que c’est la pression exercée sur le dos blessé qui induit la douleur, et qu’il suffit d’un rien pour la diminuer. Un peu de rondeur, une petite asymétrie ou un coussin bien placé suffisent souvent.

Deux derniers petits conseils

Le premier conseil est connu et insuffisamment utilisé.


La position en chien de fusil est une position habituelle de sommeil qui peut être la position la moins inconfortable en situation douloureuse. Elle est souvent améliorée en glissant un coussin fin entre les genoux.


Evaluez la position allongée sur le côté, jambes repliées. Glissez maintenant un coussin fin entre les genoux. Est-ce mieux ? Généralement oui car le coussin permet de stabiliser le bassin. Il soutient la cuisse qui tire un peu moins sur le bassin qui comprime un peu moins le bas du dos et qui soulage le dos. C’est toujours la même chose !

À plat ventre, l’objectif est le même « décompresser le bas du dos ».

Si vous ne trouvez pas d’autres positions plus favorables que celle-là et que vous dormez à plat ventre habituellement, glissez un petit coussin sous le ventre ou sortez un genou du lit Cela crée une asymétrie, ouvre la hanche et peut vous soulager.

« Quand je dors, je prends des positions insensées ! Est-ce normal ? »

« Quand je dors, je prends des positions insensées ! Est-ce normal ? »

Le corps a des subtilités qu’il est le seul à pouvoir analyser. S’il se place comme cela, c’est qu’il a ses raisons. Il faut lui faire confiance. L’important est de se réveiller frais et reposé.

 

En période douloureuse, le mieux est de rester le plus proche possible de la position habituelle de sommeil et de l’aménager si besoin en y ajoutant des oreillers en soutien.

Comment ne plus avoir mal au dos lorsque l'on est couché ? Dr Tantet