Petit cours de biomécanique : déverrouiller les articulations pour mieux bouger

L'analyse articulation par articulation

Au début de mon aventure articulaire, grâce à ma double culture médicale et ostéopathique, j’ai découvert l’analyse articulation par articulation et son bénéfice dans la connaissance des articulations.

L’analyse articulation par articulation donne accès à l’action articulaire consciente.

 

Elle permet l’évaluation des contraintes, point clé du mal de dos.

 

Quand vous vous redressez, êtes-vous capable d’évaluer le niveau des contraintes imposées au cou, aux lombaires, aux épaules, … ? Si non, comment savoir si cette posture droite est favorable ?

 

Elle donne aussi la connaissance de certains mécanismes articulaires qui répondent à des logiques subtiles, performantes et pourtant non reconnues. Je vais vous en présenter deux essentiels, le « verrouillage » et le « déverrouillage ». Un point important : Ne vous inquiétez pas si les mots utilisés ne correspondent pas précisément à ce que vous percevez. Les sensations sont délicates à définir et un temps est nécessaire pour que les mots prennent du sens.

Le verrouillage

Le verrouillage est une particularité mécanique des genoux, du bas du dos et du haut du cou.

Le verrouillage est un blocage articulaire en extension.

Il faut apprendre à en jouer car son rôle est positif dans le maintien des postures mais négatif dans les mouvements en flexion.

Le verrouillage du genou

Le verrouillage le plus facilement perçu est celui du genou dans la position jambes droites en extension.

Debout, partez d’une position genoux fléchis et tendez les jambes. Vous devriez ressentir en fin d’extension comme un petit ressaut qui amène les genoux à un point de blocage que j’appelle le verrouillage. Vous pouvez l’accentuer en avançant légèrement le bassin et le torse.

Une fois les genoux verrouillés, la position reste fixe même en relâchant les muscles. Le maintien est assuré.

Testez maintenant le passage de la position jambes tendues à celle jambes très légèrement fléchies. Vous devriez percevoir que la flexion demande une action musculaire légère comme s’il y avait un petit blocage.

Le verrouillage des genoux aide à la position debout mais est un frein à la flexion des genoux !

Le recurvatum et le flessum des genoux

Le recurvatum et le flessum des genoux

Chez certains, l’extension des genoux va au-delà de l’alignement du tibia et du fémur. Les genoux sont dits en « recurvatum ». Cette particularité articulaire a l’avantage de donner beaucoup de stabilité en position debout à des personnes le plus souvent laxes mais est un handicap pour une bonne participation des genoux à la mobilité.

 

Chez d’autres, l’extension complète des genoux est impossible. Les genoux sont en flessum. Ils ne profitent pas alors du verrouillage en extension. La posture debout droite ne se tient que sous tension musculaire. Ils sont par contre à l’aise dans le mouvement.

LE VERROUILLAGE DU BAS DU DOS

La charnière lombo-sacrée

La charnière lombo-sacrée

La charnière lombo-sacrée est la zone de transition entre la colonne vertébrale et le sacrum, lui-même enserré entre les deux os iliaques du bassin.

 

Le sacrum est l´os en forme de pyramide inversée ressenti du bout des doigts à la naissance des fesses et qui descend jusqu’au coccyx.

 

Quand le bassin roule en avant, les ailes iliaques entraînent dans leur mouvement le sacrum qui entraine à son tour la dernière vertèbre lombaire puis toute la colonne vertébrale, et inversement en arrière.

En position bas du dos arrondi, redressez-vous doucement et finissez l’extension en veillant à ce qui se passe. Vous devriez sentir à nouveau un petit cran en toute fin d’extension à la condition de vous détendre suffisamment.


Il ne faut pas hésiter, comme pour les genoux, à avancer le buste en laissant rouler le bassin d’avant en arrière.


Ce blocage est d’importance variable. Certains ont une cambrure importante, un cran net en fin d’extension et un blocage solide. D’autres ont une cambrure limitée, un cran moins bien perçu et un blocage moins marqué.


Plus le verrouillage sera marqué, plus il profitera au maintien mais plus il sera à même de bloquer le retour à la flexion.

LE VERROUILLAGE DE LA CHARNIERE CERVICO-OCCIPITALE

La charnière cervico-occipitale

La charnière cervico-occipitale

La charnière cervico-occipitale est constituée par l’empilement de l’os occipital (à la base du crâne), de l’atlas C1 et de l’axis C2. On appelle l’occiput C0 parce qu’il est dans la continuité fonctionnelle du cou. La charnière cervico-occipitale est alors appelée charnière C0-C1-C2.

 

Elle assure le port de la tête, en supporte le poids, organise sa mobilité et protège la moelle épinière qui passe en son centre.

 

La mobilité n’est pas la même aux deux niveaux : la flexion-extension (mouvement du oui-oui) se fait en C0-C1 ; la rotation (mouvement du non-non) en C1-C2.

 

Le verrouillage s’exerce en C0-C1 et réduit l’amplitude du oui-oui.

Le verrouillage de C0-C1-C2 est en partie responsable du mal de dos.

En maintenant le menton légèrement avancé, il empêche la complémentarité d’action entre le cou et les autres parties du corps dans les mouvements en flexion, et il limite du coup la capacité à réduire la pression exercée sur la zone douloureuse du bas du dos par l’enroulement.


C’est un blocage important à surveiller car il est favorisé par d’autres tensions plus générales et fréquentes comme la fatigue et les préoccupations.

 

« Docteur, je suis embêtée. Quand je parle avec quelqu’un, j’ai l’impression d’avoir le menton en avant et d’avoir une attitude agressive, alors que ce n’est pas mon intention !


— Oui Madame ! Je vois bien ce que vous voulez dire. Votre impression est juste. Vous avez bien le menton qui pointe et donne une allure autoritaire sans que cela ne vous corresponde. Mais, rassurez-vous, je vais vous expliquer pourquoi il en est ainsi et il vous sera alors possible d’y remédier.


Votre menton pointe en avant parce que votre cou est trop droit et que vous vous retrouvez en verrouillage cervical haut. Tout ça s’ajuste grâce aux jeux articulaires. Vous verrez que c’est l’asymétrie qui va vous permettre de trouver la solution. »

LA SORTIE DES VERROUILLAGES

Les verrouillages sont profitables au maintien des postures mais un frein à la mobilité s’ils ne sont pas levés en début de mouvement.

La persistance d’un seul blocage suffit à enraidir les mouvements.

Or, sortir d’un verrouillage est plus difficile que d’y rentrer. Pour verrouiller, se redresser et avancer le buste suffisent.

Pour sortir d’un verrouillage, agir sur l’équilibre général avec un recul du buste est nécessaire.

Les situations sont les mêmes pour les trois sorties de verrouillage :

 

  • Pour les genoux, tendez-les fort et reposez-vous dessus bassin avancé. Les fléchir ne se fait pas facilement. Maintenant, reculez le bassin et le buste, la flexion des genoux se fera à un moment facilement.
  • Pour le bas du dos, asseyez-vous et grandissez-vous en vous cambrant. Laissez le buste s’avancer « un peu » et se reposer sur la cambrure. S’enrouler ne se fait pas facilement. Maintenant, reculez le buste, l’enroulement se fera à un moment facilement.
  • Pour le haut du cou, redressez-vous tête droite, menton légèrement relevé, incliner la tête ne se fait pas facilement à nouveau. Maintenant reculez le buste en avançant les épaules, le haut du cou se débloquera à un moment.

 

Savoir entrer et sortir des verrouillages est très important pour pouvoir jouer sur le maintien d’un côté et sur la mobilité de l’autre.

FAIRE PARTICIPER LE TORSE

Le recul du buste facilite les sorties de verrouillage, l’enroulement du torse aussi.
Prenez la position habituelle assis, droit, cambré, le menton légèrement avancé. Décambrer et enrouler le cou est difficile. Le cou est sous tension.
Avancez les deux épaules comme pour les rapprocher l’une de l’autre. Le cou et le bas du dos s’enrouleront à un moment.

Le recul du buste et l’arrondissement du haut du dos participent à la mobilité cervicale et lombaire.

Le déverrouillage

Un rappel : Le déverrouillage est le deuxième mécanisme articulaire particulier que l’analyse articulation par articulation m’a permis d’individualiser et d’étudier.

 

Une précision : Un déverrouillage n’est pas la sortie d’un verrouillage. Ce sont des jeux articulaires différents même s’ils concernent les mêmes articulations, genou, bas du dos et haut du cou.

 

Ces trois déverrouillages se font en flexion contrairement aux verrouillages. Un quatrième, le déhanché, est latéral.

 

Ils ont une double fonctionnalité : donner de la stabilité et augmenter les capacités mécaniques.

LE DEVERROUILLAGE DES GENOUX

En position jambes droites genoux verrouillés, écartez un peu les pieds et laissez avancer le bassin, le buste et les genoux doucement vers l’avant. Vous devriez sentir à un moment que les genoux lâchent, roulent et se stabilisent à la condition de vous décontracter. C’est en fait la position genoux fléchis des professeurs de gymnastique.

Le déverrouillage du genou n´est pas de même nature que le « plié de genou » habituel. Plier, c’est descendre les fesses en arrière le dos droit alors que, déverrouiller, c’est avancer le bassin et les genoux.

Le déverrouillage des genoux est une des clés des postures de base de nombreux sports depuis le ski jusqu´au tai-chi, golf ou tennis. L’appui est plus stable alors que la participation musculaire est moindre. C’est aussi la position des travailleurs de force, des artisans, … En fait, c’est la position de ceux qui bougent ou qui travaillent.

 

La manœuvre est facilitée par une légère bascule du bassin vers l’avant, la détente du torse en avançant un peu les épaules, l’inclinaison douce du cou regard vers le sol et en fin d’expiration.

CHANGER DE REFERENTIEL

Ce déverrouillage de genoux va contre les habitudes car il faut accepter de rendre la position droite de référence un peu moins droite, ce qui nécessite un changement de référentiel.

Pour se sentir bien genoux déverrouillés, les positions du dos et des épaules doivent être adaptées.

Si, en marchant genoux déverrouillés, vous avez l’impression d’avoir fait un bond en arrière de quelques milliers d’années et d’avoir une allure simiesque, ce n’est pas la faute des déverrouillages mais celle de l’organisation de votre posture qui reste à améliorer.


Genoux déverrouillés et belle allure ne sont pas contradictoires, au contraire. Toutes les danses du sol sont pratiquées avec allure et genoux déverrouillés.
Il reste à travailler pour combiner l’avancée équilibrée des genoux, du bassin et du buste. Au début, faute d’un bon positionnement du bassin et du buste, la flexion des genoux peut être trop importante et la tension des cuisses forte.


Pour vous aider :

 

  • L’extension de départ des genoux doit être modérée et la tension musculaire des jambes limitée.
  • Le déverrouillage peut être fait un seul genou à la fois.


Une fois plus à l’aise, la flexion sera faite a minima en marquant la bascule du bassin : Posez les mains sur les fesses et poussez-les légèrement vers l’avant avant.


Mettre les mains sur les hanches aide aussi : Bras ballants, le buste n’arrive pas à s’enrouler et maintient les genoux droits. Mains sur les hanches, le buste et le bassin seront moins sous tension. Le buste s’enroulera, le bassin basculera et les genoux se déverrouilleront.


Pour travailler ces ajustements, il ne faut pas avoir peur de se montrer maladroits. C’est souvent un passage nécessaire.

LE DEVERROUILLAGE DU BAS DU DOS

Le déverrouillage du bas du dos est le terme biomécanique du mouvement d’enroulement du bas du dos avec recul du bassin en position assise que je fais faire à mes patients en début de consultation.


Assis le dos droit, laissez le bas du dos s’enrouler et reculez le buste doucement pour maintenir l’équilibre. Aidez-vous en pointant l’index sur le nombril, en poussant dessus et en rentrant le ventre.

Qu´est-ce que la bascule du bassin ?

Qu´est-ce que la bascule du bassin ?

La bascule du bassin est le mouvement du bassin qui accompagne l’enroulement du bas du dos. C’est le passage de l’antéversion à la rétroversion.

L’antéversion correspond à la « position droite ». Contrairement à ce qui est souvent imaginé, le bas du dos n’est pas droit, mais courbe. Il est cambré. C’est la position de verrouillage.

La rétroversion correspond à la position « ronde ». En fait, le bas du dos est droit et l’impression de rondeur est donnée par la partie haute du dos. C’est elle qu’il faut contrôler pour éviter l’avachissement.

Pour éviter l’avachissement, le bassin roule, le bas du dos recule, le haut du dos n’avance pas et un petit soutien en bas du dos contrôle la rondeur du bas du dos. Le point du maintien est remonté jusqu’à l’apparition d’une tension dorsale ou cervicale douce.

En position debout, c’est la même chose. Le mouvement peut être induit par le ventre.


Debout, poussez avec l’index sur le nombril pour faire reculer le milieu du ventre jusqu’à l’enroulement du bas du dos. Le bassin a basculé. C’est aussi le mouvement fait en simulant de recevoir un coup de poing dans le ventre.


La bascule du bassin peut être aussi initiée par le coccyx et les muscles du périnée.


Debout, contractez les muscles du périnée et laissez le coccyx s’avancer le plus loin possible. A un moment, le bassin basculera. En yoga, on demande de rentrer la queue.

 

« Rentrer la queue » est l’expression utilisée en yoga pour parler de la bascule du bassin quand elle est induite par la contraction des muscles du périnée.
C’est une technique minimale, puissante et physiologique. Elle est si juste qu’elle induit en même temps le déverrouillage des genoux.

 

Ce mouvement a besoin d’être répété au ralenti pour bien ressentir le travail de positionnement des hanches et du bas du dos.

LE DEVERROUILLAGE DE LA CHARNIERE C0-C1-C2

Au niveau de C0-C1-C2, le déverrouillage à une fonction moins importante que la sortie du verrouillage.


Son rôle principal est le relâchement. L’exemple le plus abouti est celui du Penseur de Rodin, la tête appuyée sur le poing, cou déverrouillé et dos arrondi pour une position idéale à la pensée. Il sera revu plus loin.

LE DEVERROUILLAGE DE LA HANCHE : LE DEHANCHE

Le déhanché est familier pour certains ; debout, ils prennent appui sur un pied plus que sur l´autre et transfèrent leur poids sur une hanche, ou ils portent un enfant sur la hanche mais curieusement, en cas de mal de dos, ils s’en privent alors qu’il leur serait favorable.

Debout, les pieds légèrement écartés, genoux déverrouillés à nouveau, transférez lentement votre poids sur le côté comme pour vous tenir sur un seul pied sans vous contracter. Vous pouvez même fermer les yeux pour mieux le ressentir. N’hésitez pas à emmener votre poids loin sur le côté au-delà de votre pied d’appui et laissez le talon du pied opposé se lever et tourner vers vous. Vous devriez finir par ressentir comme un petit déboitement de la hanche. C’est le déhanché mais, contrairement au ressenti, ce n’est pas un petit déboîtement, c’est un petit emboîtement.

Le déhanché constitue un appui stable qui permet le maintien debout prolongé en limitant les contraintes du dos.

Le déhanché est présent aussi dans le mouvement. Il assouplit la marche et la rend non douloureuse en cas de mal de dos.

Gagner en mobilité avec les déverrouillages

ÉLOGE DES DEVERROUILLAGES

J’ai une attention particulière pour les déverrouillages.
Le déverrouillage des genoux, la bascule du bassin et le déhanché ont été les premiers mouvements particuliers que j’ai analysés articulation par articulation.

UN MECANISME A DECOUVRIR

J´ai découvert le déverrouillage de genoux par hasard. Antoine, mon professeur de salsa, répétait que la salsa se dansait genoux pliés mais, j´avais beau les plier, je n´arrivais pas au même résultat que lui. J´ai essayé toutes sortes de mouvements pour me retrouver un jour dans une position « bizarre » : mes genoux avaient glissé vers l’avant pour finir dans une position stable et libre de tension. Je me suis dit que c’était probablement cela qu’Antoine demandait mais, pour moi, ce n’était pas tout à fait une flexion et je me suis dit que c’était un déverrouillage. Ça n´a l´air de rien mais ça a changé ma vie : j’avais trouvé le premier mécanisme articulaire qui m’a permis de mieux connaître les articulations et les mouvements !


Cela dit, j’ignorais que je mettrais des années à comprendre comment m’en servir et à reproduire à la demande ce que j’avais réussi par hasard.


Pour retrouver cette stabilité et cette liberté si favorables, j’ai cherché à reproduire ce « glissement » de genou dans mes flexions et je me suis rendu compte que la difficulté était autant physique que mentale.


Physique parce que, pour déverrouiller les genoux, il ne faut pas penser genou mais bassin ! C’est en avançant le bassin que les genoux se déverrouillent. Il ne faut pas penser muscle mais articulation : plier est musculaire et déverrouiller est articulaire.

Le contrôle musculaire est un frein au déverrouillage. Se libérer de lui est une étape difficile.

Mentale parce qu’au cours du déverrouillage, il y a une composante de glissement qui peut être perçue comme non contrôlée et qui est alors refusée. C’est parce que j’ai été voir ce qui se passait au-delà de la glissade que mon cerveau a accepté ce mouvement comme une évidence et que j’ai eu la conviction que ce glissement était la clé du mouvement.

Accepter le déverrouillage, c’est le ressentir comme une évidence.

Tout cela est plus compliqué à expliquer qu’à faire. Une fois que les obstacles ont été signalés, le parcours est grandement facilité. Si on sait qu’il ne faut pas vouloir contrôler le mouvement musculairement mais qu’il faut le faire articulairement, qu’il ne faut pas amener les fesses vers l’arrière mais vers l’avant, et que l’impression de roulement (ou de glissement) est celle qui donne de la qualité au mouvement, il devient plus facile de déverrouiller les genoux.


Antoine n’a pas eu besoin de mes cogitations articulaires et mentales pour danser mais nous ne sommes pas égaux pour organiser les déverrouillages. Certains les pratiquent naturellement depuis toujours et s’étonnent que l’on y réfléchisse. D’autres ne les retrouvent que par l’analyse.

UN MECANISME EXTRAORDINAIRE

En multipliant mes déverrouillages de genou, quatre qualités m’ont parues extraordinaires :

 

  • Son lâcher-prise : il m’a sorti de mon excès de contrôle en m’invitant à un rapport plus fluide avec le mouvement dans les activités de sport et de danse mais aussi dans les petits mouvements de la vie quotidienne.
    Je n’oublie pas que mon objectif n’est pas de vous faire danser la salsa mais de vous proposer une solution au mal de dos et, si j’insiste sur les déverrouillages, c’est parce que ce sont eux qui vont vous permettre de trouver des ajustements non douloureux.
  • Son contrôle : il est si surprenant que je n’arrive toujours pas à comprendre comment il peut l’être à ce point ! Le déverrouillage procure solidité et fluidité en même temps. Il y a tout de même quelque chose de magique dans les articulations pour arriver à un tel résultat !
    Je croyais que les articulations étaient stables grâce au contrôle musculaire et là, avec les déverrouillages, plus je leur laisse libre cours en limitant la participation musculaire, plus elles contrôlent par elles-mêmes !
  • Son impact sur le reste de la posture : ce simple ajustement articulaire agit en chaîne sur le corps entier et mène à un équilibre plus abouti.
  • Son impact sur la douleur de mes patients : ils prennent des antalgiques et se font manipuler alors qu’une juste gestion des déverrouillages apaise les douleurs et les blocages articulaires par transfert de charge. Pas tout le temps mais suffisamment souvent pour que cela justifie de les essayer avant toute chose !

Les déverrouillages soulagent en transférant les charges du dos sur des zones non douloureuses. Les déverrouillages ont une action antalgique essentielle.

“Enfin, Docteur, je ne vais tout de même pas réfléchir à ma façon de marcher ou de tendre le bras !”

“Enfin, Docteur, je ne vais tout de même pas réfléchir à ma façon de marcher ou de tendre le bras !”

Lorsque je demande à mes patients de me montrer leurs gestes du quotidien, certains ne comprennent pas ma démarche : Pourquoi leur faire tendre le bras pour attraper quelque chose sur la table ? Pourquoi leur demander de faire quelques pas ?

 

Parce que je pense que la clé des douleurs réside dans les mouvements simples et répétés de tous les jours auxquels il n’est pas assez porté d’attention.

 

Là encore, ce sont les déverrouillages qui m´ont amené à m´intéresser à ces gestes simples. En déverrouillant les genoux, je me suis rendu compte que mes postures étaient plus d’équilibrées avec plus de possibilités de réglage et moins de fatigue musculaire.

 

J’ai réalisé alors que, pendant les 55 premières années de ma vie, je n’avais pas exercé ces mouvements tout simples au mieux ! Il était temps !

 

Maintenant, je montre à mes patients que favoriser les jeux articulaires à la marche et en tendant le bras donnent des clés pour guérir son mal de dos.

L´ASSOCIATION DES DEVERROUILLAGES

Les déverrouillages se complètent.


La bascule du bassin favorise le déverrouillage des genoux qui la facilite à son tour. Les associations bassin-hanche et hanche-genou sont tout aussi importantes. La triade bassin-hanche-genou est la version de référence dès que la posture ou le mouvement sont latéralisés.


Pour des raisons pratiques, j’appelle aussi déverrouillage l’enroulement a minima du cou et du haut du dos avec l’avancée des épaules. Ce n’est pas un véritable déverrouillage au sens mécanique — il est exempt de mouvement de roulement et de glissement — mais, par son rôle complémentaire aux autres déverrouillages, il fait partie de la famille proche.

Cou droit, menton en avant et épaules en arrière sont autant de freins aux déverrouillages du bas du corps.

L’enroulement du bas du dos et le déverrouillage des genoux sont facilités par la participation du cou et du torse. Associez les quatre pour voir.


Debout, bras croisés, haut du cou relâché légèrement enroulé, épaules bien avancées, déverrouillez les genoux en les avançant légèrement. Le bassin bascule tout seul et les appuis sur le bassin, les genoux et sous les pieds sont forts et bien perçus. Tout le corps a participé.


Jouez régulièrement avec ces déverrouillages en choisissant les situations les plus simples. Cherchez à déverrouiller les genoux en vous lavant les dents ; débloquez le cou devant l’ordinateur ; déhanchez-vous en attendant le bus. C’est par leur répétition qu’ils redeviendront naturels.

Pour libérer les mouvements, donnez de l’importance aux articulations.

L’objectif est de prendre conscience du rôle possible des jeux articulaires dans le soulagement et la guérison du mal de dos.

DeVERROUILLAGE ET RELaCHEMENT

Les déverrouillages mènent au relâchement et apportent de la fluidité aux articulations.


Le relâchement est une notion musculaire. Il correspond à des situations où le niveau de tension du muscle est abaissé. Il peut aller d’un relâchement supérieur comme en yoga à un avachissement. Il est le résultat d’une action couplée entre le cerveau et le muscle.


Une autre forme de relâchement est possible, c’est le relâchement articulaire : les appuis sûrs et stables induits par les jeux articulaires permettent une moindre participation des muscles au maintien et donc leur relâchement.

Faire faire le travail de maintien et de contrôle par les articulations relâche les muscles.

En pratique sportive, c’est en jouant avec les ajustements articulaires que l’on maîtrise le relâchement. Le secret des grands sportifs est de savoir diminuer leur état de tension.


Reprenez les positions montrées lors de la première consultation et contrôlez par vous-même. Les positionnements articulaires proposés conduisent tous au relâchement.


En course à pied, mon critère de relâchement est la respiration abdominale. En salsa, c’est le ballotement des épaules mais, quels que soient la situation et le critère d’évaluation, ce sont les déverrouillages qui les favorisent.

DEVERROUILLAGE ET EQUILIBRE

Les déverrouillages, les appuis, la fluidité et les douleurs de dos m’ont permis de me rendre compte qu’en me tenant droit cambré, je n’étais pas tout à fait équilibré. Je tenais debout évidemment, j’avais une posture « normale », je faisais beaucoup de sport mais sans me rendre compte que la position de base de mon buste était un peu trop avancée et verrouillait mes articulations.

 

Les déverrouillages donnent la possibilité de corriger les postures et d’ajuster la position du torse en l’adaptant aux appuis.

 

Les jeux avant-arrière du buste ont une place essentielle dans l’organisation des verrouillages et des déverrouillages. Plus le buste est redressé et avancé et plus les fesses sont reculées, plus le verrouillage est fort ; plus le buste est reculé et les genoux et le bassin avancés, plus le déverrouillage l’est.

 

Le déhanché latéral donne la possibilité de trouver le bon équilibre en laissant plus de liberté à l’avancée et au recul du buste.

A retenir

Nous avons perdu l’usage de nombreux jeux articulaires qui offrent pourtant de grandes possibilités fonctionnelles.

 

Le mal de dos et la difficulté à le soigner simplement en est la conséquence directe.

 

Retrouver ces jeux articulaires apporte une solution naturelle au traitement du mal de dos et donne plus d’efficacité aux traitements habituels.

Verrouillage et déverrouillage des articulations pour soulager le dos