Réaction

Le troisième mot est « réaction ». Il est presqu’aussi important que celui de « lésion ».

La réaction est la deuxième composante de l’indissociable couple lésion-réaction.

La réaction est ce que le cerveau met en place pour protéger en cas de blessure. C’est un mécanisme réflexe sous le contrôle du système nerveux.

 

Elle se retrouve partout dans le corps en cas d’agression comme une défense abdominale en cas d’infection du ventre, des tensions cervicales en cas de migraine ou de vertiges, un verrouillage de la cheville en cas d’entorse ou une attitude reconnaissable, dite “du traumatisé”, en cas de blessure importante de l’épaule.

 

Les réactions ne sont pas uniformes : les muscles se contractent, les articulations limitent leur mobilité et le système nerveux instaure des tensions plus ou moins sensibles.

Le lumbago est-il musculaire ?

Le lumbago est-il musculaire ?

La réaction la plus typique au niveau du dos est le lumbago : le patient est cassé en deux.

 

Le fait que les muscles se contractent et imposent une position de travers est une réaction à une blessure du disque et il n’est pas un problème musculaire. Les muscles sont sains et ils n’exercent que leur travail de protection.

 

Pour guérir, on peut essayer de détendre les muscles mais le mieux est de garder le disque en situation de moindre pression pour qu’il guérisse, et d’attendre. Les muscles se détendront d´eux-mêmes en cinq jours en moyenne.

 

Le lumbago traduit le plus souvent une petite lésion avec une forte réaction musculaire !

 

« Quand j’ai un lumbago, j’essaie de me redresser ! J’ai trop peur de rester comme ça plus tard… et c’est ridicule ! » Certes, c’est bizarre de se retrouver dans une telle situation. « J’ai l’impression d’avoir 60 ans » me disent mes jeunes patients de 30 ans. Je les remercie de la comparaison mais cette situation anormale est pour moi le résultat de l'étonnante capacité du cerveau à trouver la meilleure parade à une petite blessure. Cela paraît disproportionné mais le cerveau est le seul à en percevoir la raison. La lésion est petite puisqu’elle va guérir en cinq jours mais elle se trouve peut-être près du noyau sous pression et le cerveau juge qu’il vaut mieux protéger efficacement.

 

Mon conseil : Faites confiance à votre cerveau, favorisez la posture qu’il vous impose et moquez-vous de vous avant que les autres ne s’en chargent. Et ne vous inquiétez pas, vous vous redresserez comme tous ceux qui ont eu un lumbago !

 

 

Les réactions sont programmées pour aider la blessure à cicatriser et leurs douleurs sont moins vives que celles des lésions.

En cas de blessure du dos, les contractures, les blocages articulaires et les tensions sont des réactions « normales » de protection qui devraient s’atténuer d’eux-mêmes au fur et à mesure que la lésion cicatrise.

Quand ils ne s’atténuent pas, ils maintiennent alors la blessure sous pression et retardent la cicatrisation. Il peut être alors nécessaire de les traiter. Un cas de figure particulier et fréquent : la situation reste douloureuse alors que la lésion a guéri. Le patient se croit toujours blessé alors que c’est le blocage qui a participé à la guérison qui persiste et est douloureux.

C’est la situation idéale pour les traitements réflexes comme l’ostéopathie. Le patient arrive avec un diagnostic de hernie discale. L’ostéopathe manipule. Le patient repart en sautant de joie et en déclarant : « Mon ostéopathe est magique ! Il a remis ma hernie en place ! ». La manipulation a en fait seulement libéré un blocage persistant alors que la hernie avait déjà guéri. La douleur du blocage avait pris la suite de la douleur de la hernie. Il y a eu, comme en magie, un tour de passe-passe.

Beaucoup de situations restent douloureuses parce que des réactions persistent alors que la lésion a guéri.

Pourquoi les réactions deviennent-elles fortes et persistent ?

Pourquoi les réactions deviennent-elles fortes et persistent ?

Le sujet est traité par la suite mais voici quelques pistes comme la culture du contrôle musculaire et celle du se tenir droit, la sédentarité, la normalisation des attitudes, le manque d’ajustement individuel, la prépondérance du muscle. Ils favorisent tous la fixité de la colonne vertébrale, les blocages articulaires et les contractures musculaires.

 

Le besoin fréquent de recourir à un ostéopathe est l’indicateur d’une mobilité insuffisante et/ou de mauvaise qualité.

La persistance et l’intensité excessive des blocages et des contractures résultent d’un cercle vicieux.

Plus vous avez mal, plus vous serrez, plus vous avez mal, ...

C’est pour ça que le temps peut passer et les douleurs persister !

Pourquoi une manipulation libère-t-elle une articulation d’un blocage ?

Pourquoi une manipulation libère-t-elle une articulation d’un blocage ?

Parce que c’est comme ça ! C’est un point de discussion non résolu.

 

La théorie mécanique est la plus populaire, « La vertèbre est déplacée, elle a besoin d’être remise en place ». Je n’y crois pas pour avoir vu mille situations qui auraient pu être traitées efficacement par une manipulation… et qui ont tout aussi bien répondu à des techniques non manipulatrices d’ostéopathie ou par des conseils d’organisation de postures ou par une bonne infiltration ou encore simplement par le temps.

 

Je ne cacherai pas que de temps en temps, j’aurais envie de présenter les choses comme cela parce qu’il y a des impressions de palpation et de traitement qui collent à cette représentation, et parce que j’ai été formé à la SFO (Société Française d´Ostéopathie) qui avait pour cheval de bataille la manipulation de la sacro-iliaque et sa remise en place. Mais la raison me dit que cette vision n’est pas la bonne, ce qui ne retire rien au bénéfice apporté par certaines manipulations !

 

Pour moi, la manipulation comme l’ostéopathie crânienne, l’acupuncture, l’hypnose ou le pendule agissent d’une manière réflexe. Le système nerveux bloque l’articulation, la manipulation en agissant sur un circuit nerveux la débloque. D’ailleurs, la manipulation libère en même temps des contractures, des tensions tendineuses et des hypersensibilités de la peau.

CAS PRATIQUE

M. P. me téléphone un lundi matin.

 

Il s’est fait mal en attrapant sa mallette sur la banquette arrière de sa voiture, jeudi dernier. Il a mal en bas du dos, juste en dessous des côtes et plus à droite qu’à gauche. Il peut faire tout ce qu’il a à faire mais la douleur reste la même qu’au départ.


- Je vous jure, Docteur, j’ai fait attention tout le WE. J’ai même pris des anti-inflammatoires mais j’ai toujours aussi mal !
- Le mieux serait que vous passiez me voir quand vous pourrez. Je pense que vous avez besoin d’une manipulation. »

 

M. P. s’est tourné en forçant sur la charnière entre les dorsales et les lombaires, qui est la zone prioritaire des rotations. À ce niveau, c’est un peu moins le disque que les articulations « articulaires postérieures » qui sont mises à contribution, mais la logique lésion-réaction reste la même. Quand l’articulation est soumise à trop de pression, un mécanisme réflexe de défense la bloque.

 

Cette douleur n’évolue pas alors qu’il n’y a pas de grosse lésion et ce malgré le repos relatif et les AINS : la manipulation devrait s’avérer très efficace.

Contractures et blocages articulaires sont des réactions à la lésion