Mobilité

Le quatrième et dernier mot est « mobilité ». Il n’est pas le moins important !

Mal de dos et mobilité sont au cœur de ce que je veux vous transmettre même s’il est toujours difficile de parler de mouvement. La connaissance instinctive de la mobilité laisse penser qu’y réfléchir risque de nuire à sa spontanéité. Or, depuis que j’analyse les mouvements, j’ai la conviction que notre spontanéité est perdue depuis longtemps, que notre mobilité est conditionnée et pauvre, et qu’en parler ne l’aggrave pas.

Notre mobilité est multiple ; j’en différencie trois types :

 

  • La mobilité habituelle qui favorise les axes de mobilité à grande amplitude.
  • La micro-mobilité des ostéopathes qui privilégie les axes à mobilité réduite sur lesquels se font les diagnostics et les traitements ostéopathiques. Si vous avez déjà consulté en ostéopathie, vous avez du ressentir le bien-être étonnant une fois la micro-mobilité libérée.
  • La mobilité intermédiaire qui est celle des ajustements articulaires. Elle joue des appuis de structure et de la complémentarité des articulations. Elle s’inscrit dans la recherche du meilleur centrage et du meilleur équilibre possibles. Elle favorise à la fois la mobilité habituelle et la micro-mobilité, et elle a une action positive sur les différentes composantes du mal de dos. Elle favorise le relâchement et l’économie musculaire. C’est une mobilité intérieure qui se ressent plus qu’elle ne se voit. Elle amplifie la perception du mouvement et permet un meilleur contrôle. Elle est celle de la justesse.

La mobilité intermédiaire est celle qui permet de trouver les situations de non-douleur dans les positions assises, debout et couchées, et dans les mouvements les plus simples du quotidien.

L’habitude a été prise de ne pas s’en servir. L’importance donnée aux muscles s’est fait à son détriment. Un apprentissage est nécessaire pour se la réapproprier.

"Je vous entends bien, Docteur, quand vous dites qu’il faut réfléchir à la façon de se tenir, mais je ne suis pas convaincu. Ça ne me paraît pas naturel" !

"Je vous entends bien, Docteur, quand vous dites qu’il faut réfléchir à la façon de se tenir, mais je ne suis pas convaincu. Ça ne me paraît pas naturel" !

Je sais bien que ça ne paraît pas naturel mais il ne reste plus grand-chose de naturel dans nos façons de faire.

 

Les jeunes filles de 20 ans que je vois en consultation pour un mal au dos ont souvent pratiqué plus jeunes de la danse classique ou de la kinésithérapie ou les deux, et leurs postures ne sont plus naturelles, quoiqu’elles en pensent. On leur a imposé des postures qu’elles tiennent à l’excès et c’est pour cela qu’elles ont mal.

 

La jeune femme adepte des abdos-fessiers n’adapte pas ses abdos et ses fessiers à une posture naturelle. Elle impose à sa posture des abdos et des fessiers en contraction.

L’homme qui fait de la musculation modifie sa posture sous l’influence de ses muscles. Sa musculation n’est pas naturelle et sa posture non plus.

 

La femme de 60 ans qui voit qu’elle n’a plus tout à fait l’allure de ses 20 ans cherche la posture droite de sa jeunesse jusqu’à se contraindre. Elle s’inflige une attitude en contradiction avec son âge.

 

Les postures de travail répondent à des critères ergonomiques imposés. A leur décharge, rester assis toute la journée derrière un ordinateur n’est pas vraiment naturel non plus.

 

Les postures et les mouvements n’étant plus naturels, il est nécessaire d’y réfléchir pour les analyser et les ajuster si besoin, comme au golf où analyser ses mouvements de golf est jugé normal et nécessaire. Je ne vois pas pourquoi ce ne le serait pas pour les mouvements du quotidien !

 

A retenir

Le mal de dos est d’abord une lésion et son traitement premier est ni médicamenteux ni ostéopathique mais physique.


C’est la mise en décharge non-douloureuse de la lésion qui lui permet de cicatriser dans les meilleures conditions, les traitements habituels n’étant que ceux des réactions secondaires (inflammatoires, musculaires, articulaires, nerveuses).


La mise en décharge est rendue possible par les jeux articulaires de la mobilité intermédiaire.
C’est elle qui permet d’agir sur le mal de dos par soi-même.

CAS PRATIQUE

M. P vient me consulter parce qu’il s’est blessé au dos il y a quinze jours en déménageant. Il souffre d’une lombalgie. Il n’a rien porté de très lourd parce qu’il a laissé le plus dur aux déménageurs, mais il n’a pas arrêté pendant trois jours. Il a eu très mal cinq jours durant et va mieux depuis. Il reste encore raide, les mouvements les plus simples sont douloureux et la position assise au travail reste encore difficile. En fait, il a moins mal mais la douleur reste continue. Il a pris des anti-inflammatoires la première semaine et porté une ceinture, ce qui lui a permis de tenir le coup. Une manipulation la dernière semaine l’a soulagé mais il ne se sent toujours pas bien.

 

Je lui explique que les déménagements, c’est comme le ski. C’est au troisième jour que l’on risque de se blesser. Le cumul de fatigue des deux premiers jours induit une moindre résistance à l’effort et favorise les blessures.

 

Je lui dis aussi que, comme il ne s’est pas blessé sur un mouvement particulier mais en répétant des mouvements raisonnables, sa blessure ne devrait pas être trop grave et qu’après 15 jours de douleurs fortes, il a passé le plus dur. Je l’invite à constater que les traitements entrepris l’ont aidé mais ne l’ont pas amélioré vraiment.

 

Je lui explique que, pour accélérer sa guérison, il faut tout reprendre à zéro et s’occuper à la fois de la lésion, de l’inflammation et des blocages de son dos. « Vous n’avez jusqu’à présent aucune bonne posture non douloureuse et je pense que l’évolution ne vous sera pas plus favorable tant que vous n’aurez pas trouvé des situations non douloureuses, même ponctuelles. Je vais vous montrer comment vous organiser pour trouver une position couchée, assise et debout non douloureuse. C’est capital. Dans toutes les situations actives que vous n’arriverez pas à gérer, vous garderez votre ceinture.

 

  • Vous allez reprendre des anti-inflammatoires pendant cinq jours. Si l’évolution n’est pas favorable, il faudra probablement avoir recours à une infiltration.
  • Une manipulation vous avait donné une impression de mieux. Je vais la renouveler mais vous sentir mieux ne signifiera pas forcément la guérison !
  • Il faut absolument que vous preniez soin de vous pour aller mieux dans deux jours. Je ne vous demande pas un effort prolongé mais de veiller à tous vos gestes et postures, et à votre repos pendant tout le WE. »

 

Il m’a rappelé le lundi. Il avait maintenu des positions de non-douleur tout le week-end. Il en avait ressenti les bienfaits : je l’ai encouragé à poursuivre la même logique de traitement dans les jours à venir, en changeant régulièrement ses positions de travail. J’ai proposé de le revoir en fin de semaine pour faire le point. L’amélioration de ces 2 jours confirme que la blessure de son disque n’était pas trop grave et que la cicatrisation suivrait son cours favorablement.

L’insuffisance de mobilité favorise et accentue la lombalgie